
À l’occasion de la semaine de la presse, le lycée Vauban a eu le plaisir de recevoir le jeudi 30 Mars 2023 le rédacteur, animateur, présentateur et responsable du développement numérique de RTL Gérard Floener. Il était membre du jury du concours de vidéos, organisé par le lycée, « Comment mieux s’informer dans un monde connecté ? ». ALETHEIA a eu la chance de l’interviewer à propos de ses fonctions au sein de la radio, ainsi que de l’importance de cette dernière dans le monde connecté actuel.
Est-ce que vous pouvez vous présentez ainsi que votre parcours, qu’il soit professionnel ou scolaire, en quelques mots ?
Je m’appelle Gérard Floener, j’ai 51 ans. J’ai toujours vécu au Luxembourg et j’y ai fait ma scolarité jusqu’à la terminale. J’ai fait une scolarité classique jusqu’au bac. Quand je l’ai réussie, j’ai essayé de faire des études universitaires en sciences physiques. J’ai lamentablement échoué. Comme je faisais déjà de la radio avant, et qu’une nouvelle radio venait de se créer, j’ai eu l’occasion d’y entrer, j’en ai profité. Je me suis lancé dans ma carrière professionnelle et j’ai arrêté toutes études.
J’ai appris que vous avez été rédacteur, animateur, présentateur et responsable du développement numérique de RTL. Est-ce que vous pourriez décrire vos fonctions et les comparer ?
En tant qu’animateur-rédacteur-présentateur, je produis des reportages pour la radio qui sont également retranscrits pour notre site internet. Je présente des émissions radio en tant qu’animateur. Je suis le fil rouge de l’émission, sans pour autant aller dans la profondeur des sujets. Je suis plutôt la personne qui lance un sujet, et qui, après, reprends pour repartir vers la musique, mais le sujet proprement dit est présenté par d’autres personnes, des reporters.
En tant que responsable du développement numérique de la radio, une partie de mon travail consiste à m’informer de ce qui se passe dans le monde numérique, pour le traduire dans le monde de la radio. Ainsi, la radio traditionnelle devient plus moderne, et on peut toujours écouter de la radio sans que ce soit la radio classique, même dans un monde hyper connecté.
Est-ce que vous avez des conseils pour les gens qui voudraient se lancer dans la radio, le journalisme ou ce genre de métiers d’investigation ?
Pour rentrer dans le monde de la radio, à mon avis – et tous les collègues que j’ai rencontrés le confirment – une grande curiosité, un esprit critique et une ouverture au monde sont absolument nécessaires. Des connaissances générales bien établies aident aussi. On est sensé toucher tellement de sujets : si on n’est spécialisé que dans un seul domaine, il sera difficile de tout couvrir. Il n’y a pas besoin nécessairement de faire de grandes études pour faire le travail que je fais, il faut juste avoir un bac – c’est le minimum – pour avoir les connaissances générales. Ensuite, savoir se débrouiller avec les langues ça aide, parce qu’on travaille en différentes langues, que ce soit l’anglais, le français, l’allemand ou le luxembourgeois. Peu importe le support sur lequel on travaille, on doit pouvoir gérer la langue.
Étant donné que je ne suis pas journaliste, ni de formation, ni de description de mon travail, il me sera un peu difficile de donner des conseils complets en orientation pour faire du journalisme. Les études journalistiques peuvent servir. On y apprend, entre autres, les méthodes de rédaction très utiles aujourd’hui, car on dispose de moins en moins de temps pour faire véhiculer l’information.
Quel est le rayonnement, local et international, de RTL ? Est-ce qu’il y a beaucoup de personnes qui l’écoutent ?
Au Luxembourg, RTL est le média numéro 1. Sur une semaine, le plus consulté est le site rtl.lu, suivi d’assez près par la radio luxembourgeoise de RTL, puis la télévision luxembourgeoise de RTL, avant les journaux écrits, etc… Au Luxembourg, RTL a une très importante position dans le paysage médiatique. Le groupe RTL est présent dans le monde, mais pas nécessairement avec des médias audiovisuels. Par exemple, aux États-Unis, c’est plutôt le monde de l’édition. Par contre, en Europe, elle est très présente, notamment avec le groupe M6 (M6, W9 et toutes les chaînes télé qui appartiennent à ce groupe) en France. On a les chaînes RTL, RTL2, Funradio qui font partie de groupes aussi. En Belgique, il y avait Bel RTL et Radio Contact qui en faisaient partie, mais, il y a peu, ses activités ont été revendues. Il y a trois chaînes de télé aux Pays-Bas. Il y a une chaîne RTL aussi en Hongrie et en Croatie. L’Allemagne est le marché le plus important de la télé.
Est-ce que vous savez qui écoute RTL, et pourquoi ?
La philosophie de RTL a toujours été la proximité avec les auditeurs : on considérait nos auditeurs comme notre famille. Depuis toujours, cette proximité est sa force, tandis que des radios concurrentes ne l’avaient pas : c’étaient des radios avec un ton un peu hautain. Ce n’est plus vrai maintenant, mais à l’époque c’est ce qui a fait la différence. Cette envie de proximité est restée : on cherche à être proche de nos auditeurs. On est une radio généraliste. En principe, on essaie de toucher toute la population, aussi bien les jeunes que les actifs et les personnes qui sont déjà à la retraite. C’est un exercice difficile aujourd’hui, avec des médias qui sont beaucoup plus ciblés. On adapte régulièrement notre cible, plus âgée, ou plus restrictive, mais on reste une radio généraliste qui vise un public le plus large possible.
Quelle est la place de la radio dans les médias contemporains ?
Fondamentalement, je crois que la place de la radio n’a pas encore changé. C’est un média d’accompagnement : on l’écoute essentiellement en voiture (60% de l’écoute radio au Luxembourg se fait en voiture). On l’écoute aussi lorsqu’on ne souhaite pas être seul (quelqu’un vous parle, de tous les sujets possibles), et aucun autre support ne peut la remplacer à ce niveau là pour le moment. Dans un futur plus ou moins proche, certains supports pourront peut-être le faire, ou sont amenés à le faire. En même temps, la radio continue de se développer et de s’adapter à ces nouvelles vérités. Elle crée des contenus qui sont diffusés en numérique (en podcasts par exemple) pour les personnes qui n’écoutent pas les radios classiques en linéaire, mais qui veulent quand même avoir accès à ces contenus.
Est-ce que vous avez des conseils pour s’informer dans le monde actuel, qui est à la fois très connecté, et rempli de dangers au niveau des fausses informations ?
Je dirais qu’il faut toujours avoir un esprit critique, face à toute information qu’on entend, que ce soit dans les médias classiques, ou les réseaux connectés, ou ailleurs. Il faut toujours se poser la question « À qui sert cette information ? » : « Est-ce qu’elle est utile à quelqu’un de particulier, qui a donc un intérêt à ce qu’elle soit diffusée ? », ou « Est-ce que c’est une information d’ordre général ? ».
Ensuite, il ne faut pas juste prendre une information d’une seule source, mais en écouter ou en lire plusieurs, afin d’avoir des avis différents. Idéalement, il faudrait lire des sources indépendantes, et vérifier que les sources sont citées (si oui, il serait bien de les vérifier), et si il y a un lien vers la source originale. Cette dernière démarche permet de vérifier vous-même si l’information est valable, ou non.
C’est plus compliqué qu’avant, parce qu’on est submergé par des informations. On a toujours les médias classiques qui font leur travail d’informer avec la déontologie qu’ils ont. Mais, vu que leur importance a diminué et que les réseaux sociaux émergent, l’utilisateur doit être plus actif, pour faire soi-même la validation des informations qu’il reçoit.
Avant, c’était plus simple : on écoutait ou regardait le journal et on était certain que c’était l’information du jour. Maintenant, ce n’est plus vrai, déjà parce qu’il y a des sources qui se contredisent, et surtout parce que les informations ne sont pas toujours basées sur des sources viables sur les réseaux sociaux. Si vous voulez vraiment être informés aujourd’hui, il faut être plus actif que ne l’étaient vos parents.
Photographie : Iudig J.