Little Women un roman avant tout féministe.

Le roman Little Women de Louisa May Alcott publié en 1868 met en scène quatre personnages féminins inspirants qui ont su affirmer leurs choix de vie. Elles ouvrent une voie vers ce que l’on appelle le féminisme aujourd’hui.

Photographie du roman Little Women, édition penguin, Victoria C.

Le lecteur suit la vie de quatre sœurs de leur adolescence jusqu’à leur statut de jeunes femmes : Meg, Jo, Beth et Amy. Traversant une époque bouleversée par la guerre de Sécession où pauvreté, maladies et patriarcat s’entremêlent. Les quatre sœurs sont dotées de caractères bien distincts. Elles choisissent toutes de tracer un parcours différent en prenant goût à l’indépendance. Dans une société où la femme est destinée à se conformer au patriarcat. Marmee, leur mère, un personnage clef du roman, initie à travers une éducation vertueuse cette émancipation vers leur liberté.

La guerre de Sécession éloigne les hommes des foyers, et cette mère et ses filles se retrouvent entre femmes. Ce roman montre comment elles réussissent à survivre et comment certaines parviennent à s’émanciper du pouvoir masculin.

Jo (Joséphine) est le personnage principal de l’histoire, à caractère « garçon manqué » et revendicateur. Lorsque Marmee traverse de lourdes difficultés financières. Jo vend ses cheveux, un symbole d’affirmation féminine. Se retrouvant alors davantage dans une « apparence de garçon manqué », elle assume un pouvoir, un rôle paternel dans la famille. Passionnée du théâtre et de littérature dès son plus jeune âge, elle écrit et lit en grand nombre des pièces de théâtre, poèmes, nouvelles,… avec l’ambition de devenir écrivaine. Elle doit se battre pour être éditée et vivre de sa passion. C’est en défiant les normes traditionnelles de l’époque qu’elle réussit à devenir écrivaine. D’autant plus qu’elle se marie, sans pour autant aspirer à l’influence sociétale sur les questions du mariage. Il s’agit uniquement d’un choix propice à une femme libre.

Amy, la plus jeune des quatre sœurs, est un personnage doté d’un fort caractère. Elle a la volonté de se démarquer en société et de valoriser son image. Amy rage de ne pas avoir autant de liberté que ses sœurs plus âgées. Un passage dans le livre illustre sa frustration envers Jo car n’ayant pu assister à un spectacle de théâtre, elle brûle toutes les pièces de théâtre de Jo. Ce qui provoque une forte dispute entre les deux sœurs. Ce qui est très intéressant chez le personnage d’Amy, c’est son évolution en terme de maturité. Grâce à un séjour chez sa tante, qui l’inspire et l’aide beaucoup, elle développe sa passion pour l’art de la peinture. Elle décide, ainsi, de partir en Europe, en compagnie de sa tante, afin de vivre sa passion.

Contrairement à Jo et Amy, Meg (Margaret) renvoie l’image d’une femme qui correspond à la société du 19e siècle. Elle suit son destin romantique et décide d’épouser un professeur : John Brooke. Un passage du livre décrit la façon dont Jo s’oppose à cette décision. Selon elle, Meg semble renoncer à sa liberté ; elle considère le mariage comme une barrière dans l’émancipation des femmes. Pourtant, Meg affirme son choix personnel et se marie.

Beth est confrontée à un destin tragique, elle meurt de la scarlatine. Beth est un personnage démontrant une réelle empathie envers son entourage. Dotée également d’un caractère pur, vertueux et charitable, elle donne de la force et s’emploie à souder davantage la famille, surtout sa relation avec Jo. A l’inverse de ses sœurs, Beth n’envisage aucune ambition en dehors du foyer familial. Pourtant, elle poursuit sa passion qu’est la musique parce qu’elle a le choix, la liberté de ne pas affronter le monde extérieur.

L’histoire de ces quatre jeunes femmes est transmise sous le titre de « Little Women ». Or, la traduction française du titre n’est pas « petites femmes » mais « Les quatre filles du docteur March ». Le nom évoqué est celui du père de famille, alors que celui-ci est à la guerre et est très peu présent dans le roman. L’histoire raconte surtout comment ses filles et sa femme se débattent, seules, dans un quotidien difficile. La traduction française du titre aborde l’histoire sous un autre angle, l’appartenance au père, et s’écarte de la volonté de l’auteure et trahit ses idées. Elle illustre le recul en matière de féminisme en France à la fin du 19e siècle. Désormais, il serait nécessaire de rétablir le titre dans sa traduction originale.