Panorama de la presse européenne sur les effets culturels de la guerre en Ukraine dans les pays Baltes et en Pologne.

Face à la menace russe, les pays Baltes et la Pologne se sont lancés dans le démantèlement des symboles de l’URSS, qui rappellent l’ancienne domination russe sur leur territoire. Ils souhaitent ainsi couper les anciens liens. Selon Le Quotidien, dès 2016, le gouvernement polonais a démantelé et entreposé dans un parc dédié plus de 200 monuments à la gloire de de l’Armée rouge. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les symboles soviétiques ayant échappé à ce démantèlement sont détruits, comme quatre monuments à la mémoire de soldats soviétiques morts en affrontant l’Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale, d’après Euronews.
Un monument représentant un vieux char d’assaut de l’Armée rouge a été retiré le 16 Août 2022 à Narva, en Estonie. Selon le gouvernement les symboles soviétiques sont des sources de tensions internes entre les russophones et les estonophones exploitées par la Russie afin de déstabiliser le pays, d’après Le Figaro.
Selon LRT, en Novembre 2022, les autorités de Vilnius, capitale de la Lituanie, projetaient de démanteler six statues de soldats soviétiques de la Seconde Guerre Mondiale, présentes dans le cimetière d’Antakalnis. Le conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a affirmé son désaccord, placé les statues sous sa protection et interdit aux autorités de Vilnius de les détruire. En décembre 2022, les autorités de la ville ont alors décidé de déplacer les statues, sans les détruire, dans un entrepôt de Grinda, une entreprise municipale.
L’obélisque de 79 mètres de haut du parc de la Victoire, à Riga, en Lettonie, érigé en hommage aux vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale, a été détruit dans la nuit du 25 Août 2022. Le parc en lui-même est clos et en reconstruction sous forme de skate-park. Cette destruction est issue du projet de loi visant à détruire tous les monuments de l’ère soviétique, votée par le gouvernement en mai 2022, d’après L’OBS.
Mais la volonté de rupture ne se situe pas que dans les symboles. Elle est aussi économique, politique et linguistique. Le cas lituanien est ainsi révélateur. La Lituanie n’a pas de frontière directe avec la Russie, mais avec l’enclave de Kaliningrad située au Sud du pays. Elle y met en place des restrictions, par application des sanctions européennes, visant à empêcher le ravitaillement terrestre de certains produits, comme l’engrais ou les métaux, venant de l’Est. Ces restrictions ont intensifié les relations entre la Lituanie et la Russie, qui a menacé de représailles si ces restrictions ne prenaient pas fin. Les restrictions n’ont pas pris fin et les représailles n’ont pas eu lieu, mais la tension entre les deux pays est à son paroxysme, d’après Le Parisien.
Le 5 Mars 2023, le parti de Kaja Kallas remporte 3 sièges de plus, amenant à 37 sur 101, aux élections législatives d’Estonie. Kaja Kallas est la première ministre d’Estonie, figure internationale du soutien pour l’Ukraine. Ses attaques implacables sur Vladimir Poutine dès le 24 Février 2022, lui donnent le surnom de « nouvelle dame de fer de l’Europe », en référence à Margaret Thatcher, une ancienne première ministre britannique ouvertement anticommuniste. Les résultats de ces élections ne font que confirmer la volonté de la population estonophone de s’accorder avec son gouvernement à propos de la guerre en Ukraine. Depuis le début de la guerre, l’Estonie envoie beaucoup d’armes à l’Ukraine. Elle ne souhaite pas seulement la résistance de l’Ukraine, mais sa victoire face à la Russie, d’après Le Monde.
Selon The Economist, en Lettonie, le russe a été interdit comme langue principale dans l’enseignement et limité dans le domaine public. Cette interdiction pose des difficultés aux écoles où la majorité des enfants est russophone. Les relations tendues entre les russophones et les populations qui avaient été envahies par l’URSS étaient déjà difficiles et se sont exacerbées. Avant la guerre, il y avait déjà eu des cas de harcèlement ou de persécution physique à cause du problème de langue. Les violences allaient dans les deux sens : des russophones opprimant des lettophones et des lettophones opprimant des russophones. Rares sont les russophones soutenant Poutine, pourtant tous ont peur des retombées de la haine que s’est attirée la Russie en attaquant l’Ukraine.
