Gisèle Halimi : un hommage inachevé ?

Gisèle Halimi est décédée le 28 juillet 2020. Le Président de la République française a promis de lui rendre un hommage national aux Invalides. Après deux ans de silence, Emmanuel Macron annonce qu’il dirigera une cérémonie en hommage à l’avocate, au Palais de Justice ce 08 mars 2023, journée internationale des droits de la Femme. A travers cette cérémonie, Emmanuel Macron met en valeur les accomplissements de l’avocate. On pourrait se demander si une panthéonisation n’aurait pas été préférable ?

Gisèle Halimi, en tant que femme mais surtout en tant qu’être humain, s‘est battue contre l’illusion d’une justice équitable, qui défend des citoyens soi-disant « égaux » dans sa Constitution. Son poste d’avocate fut sa chance de défendre la légitimité des femmes. Celle de réellement disposer d’elles-mêmes en toute liberté.

Pourquoi faut-il panthéoniser Gisèle Halimi ?

L’avocate et sénatrice a reçu plusieurs récompenses françaises saluant son importance dans les transformations des sociétés française et tunisienne. Parmi ces récompenses, elle a notamment été nommée Grand officier de la Légion d’honneur française, Commandeur de l’Ordre national du mérite et commandeur de la Légion d’honneur française. Mais derrière ces récompenses honorifiques, se cache un travail considérable qu’il est nécessaire de prendre en compte. En plus d’avoir contribué à la dépénalisation de l’avortement et à la criminalisation du viol, l’avocate a notamment changé l’image de l’engagement des femmes au travers de ses « procès spectacles » tel que celui de Bobigny, d’octobre à novembre 1972. Au cours de ce procès, la stratégie de Gisèle Halimi fut de créer un évènement médiatique pour plaider contre une loi qui condamnait les femmes à la clandestinité, celle de la criminalisation de l’avortement. Cette loi hypocrite qui contribuait au décès de près de 300 femmes par an lors d’avortements improvisés, chers et brutaux. Cette loi qui par ailleurs plongeait des femmes, ni prêtes ni en capacité d’élever un enfant seule, dans la pauvreté. Cette loi, qui culpabilisait des femmes qui ne faisaient que disposer d’elles-mêmes et de leur corps.

Gisèle Halimi était une femme engagée qui a mené un combat à tous les étages. Elle a entrepris une lutte précise et organisée grâce à sa vision expérimentée et moderne du féminisme et de la politique. Elle a compris que la lutte féministe n’est pas un combat contre les hommes. Au contraire, il s’agit d’un combat social où les hommes ont tout autant leur place que les femmes. Afin de briser cette justice corrompue elle mobilisa des informations factuelles, venant d’individus reconnus tels que le professeur de médecine Paul Milliez, catholique pratiquant qui osa apporter son soutien en faveur Gisèle Halimi. Elle qui à travers son combat a mérité la reconnaissance nationale. Cette femme qui s’est battue contre le système politico-judiciaire pour les femmes françaises mérite d’être panthéonisée.

Photo : AnnaP.

Bibliographie : LE NAOUR, Jean-Yves, VALENTI Catherine. Halimi à la plage. Dunod, 2022. 156 p.