Le samedi 19 novembre a eu lieu la deuxième édition du salon de la BD au Lycée Vauban. Aude Massot, autrice et dessinatrice, a répondu à nos questions. Elle créée ses propres BD comme « Chronique du 115 » ou « Ouagadougou pressé« mais elle travaille aussi, uniquement, en tant que dessinatrice comme sur « Une saison à l’ONU » écrit par Karim Lebhour.

ALETHEIA : Est-ce difficile d’être illustratrice?
Aude Massot : C’est un métier qui est surtout compliqué au début puisqu’il ne rémunère pas beaucoup lorsqu’on est pas très connu. Il faut savoir que lorsqu’un éditeur publie l’œuvre d’un auteur, qui n’est pas connu, il fait un pari. Il apprécie l’œuvre et décide de la publier. Il va suivre l’auteur sur plusieurs ouvrages car, en général, il faut publier six ou sept œuvres avant de commencer à faire des ventes correctes. C’est à partir de ce moment-là qu’on commence à se faire plus d’argent. Cela fait quinze ans que je travaille en tant qu’autrice de bandes dessinées et j’en vis bien depuis deux-trois ans. Par contre, il y a d’autres moyens de vivre du dessin. La publicité, l’animation, la presse sont des secteurs qui nous permettent de quand même gagner de l’argent.
A : Quand avez-vous commencé à dessiner et quand avez-vous su que c’était ce que vous vouliez faire dans la vie ?
A. M. : J’ai commencé à dessiner dès que j’ai pu tenir un crayon donc très tôt dans ma vie. J’avais de la chance car mes parents était de grands fans de BD donc j’avais accès à nombre d’entre elles comme Astérix et Obélix, Tintin et Lucky Luke. Ces oeuvres m’ont énormément inspiré et me donnaient envie de créer mes propres BD. J’ai voulu en faire mon métier très tôt. Je dessinais beaucoup à l’école et j’ai fais l’option art lorsque j’étais au lycée. Par la suite, j’ai fais des études d’art appliqués à Bruxelles dans l’institut Saint-Luc.
A : Combien de temps prend l’illustration d’une œuvre ?
A. M. : Une saison à l’ONU m’a pris un an et demi de travail. La conception d’une bande dessinée est assez longue puisqu’il y a tout un travail de dessin, de recherche et d’écriture à faire. Combiné à la quantité de pages, le travail sur une bande dessinée peut durer plusieurs mois.
A : De quelle liberté disposez-vous lors de l’illustration d’une œuvre ?
A. M. : Je trouve que les dessinateurs de bandes dessinées ont une liberté assez large. On a à peu près le droit de tout dire puisqu’il n’y a pas trop de censure. C’est assez plaisant puisque pour moi, la bande dessinée c’est vraiment mon espace de liberté. Quand je travaille avec des auteurs, comme Karim Lebhour Une saison à l’ONU, il suffit juste d’être en accord sur une vision. Avec Une saison à l’Onu j’étais assez libre avec mon illustration.
A : Après les attentats de Charlie Hebdo, vous avez publié une illustration en réponse à toutes les réactions que cet évènement tragique a suscité. On peut lire de nombreux commentaires sur cette illustration de diverses opinions politiques. Que représentait cette illustration pour vous ?
A. M. : Les attentats de Charlie Hebdo ont engendré une vague d’opinions d’experts légitimes ou autoproclamés sur les plateaux TV ou les réseaux sociaux. Puis il y a nous, les illustrateurs, auteurs et artistes qui nous retrouvons au milieu de tous ces commentaires. C’est assez écrasant et on ne sait plus trop quoi penser et quoi croire.
A : Vous avez aussi illustré et écrit d’autres oeuvres. Pouvez-vous nous en parler ?
A. M. : J’ai fait deux autres BD documentaires nommées Robinson à Pékin et Chronique du 115. La première que j’ai faite en collaboration avec le journaliste Eric Meyer qui a vécu 30 ans à Pékin et la deuxième qui est un reportage sur le SAMU social de Paris et que j’ai écrit et dessiné.
A : Pour finir, quelle est votre oeuvre préférée?
A. M. : A chaque fois , c’est l’oeuvre la plus récente qui est ma préférée puisqu’avec chaque nouvelle oeuvre, on évolue et on s’améliore. En général, après avoir terminé un album, on se rend compte de toutes les petites erreurs que l’on a fait lors du travail.
Je tiens à remercier Mme Aude Massot de m’avoir accordé cette interview à l’occasion du salon de la BD au lycée Vauban. J’encourage fortement les lecteurs de cet article de lire Une saison à l’ONU qui se trouve au CDI du lycée Vauban.