Gala américain par excellence, le Met Gala s’est tenu une nouvelle année au Metropolitan Museum of Art (Met) de New York et a réuni plus de deux cent célébrités. Ce sont surtout des stars américaines qui ont l’honneur de fouler ce tapis rouge, mais cette année quelques stars francophones ont eu l’occasion de se glisser parmi leurs rangs, comme Stromae ou Camille Cottin.


Le principe du Gala du Met est de récolter des fonds pour l’Anna Wintour Costume Center du Met : à plus de 35 000 dollars le ticket, et plus de 700 invités, le compte est bon. Pour beaucoup, malgré un code vestimentaire (cette année, c’était « Gilded Glamour and White Tie », c’est une référence directe au Gilded Age), l’occasion de se montrer vêtus des plus grands designers. C’est une réelle compétition qui se joue, entre grands créateurs et entre invités eux-mêmes. C’est à qui brille le plus fort.
Versace, Burberry, Gucci, Kenzo, Chanel, Louis Vuitton, Michael Kors, Thome Brown, Moschino, Ralph Lauren… nombreux sont les designers à se crêper le chignon pour avoir la chance d’habiller les plus grandes stars : acteurs, chanteurs, influenceurs, ce sont aujourd’hui les célébrités qui ont le ticket gagnant.
Seulement, le Met Gala est l’occasion pour beaucoup de faire passer à travers leur tenue – c’est l’idée de la mode comme forme d’art, donc moyen d’expression – un message politique. Le but est bien évidemment de déclencher une réaction du grand public. C’est ainsi la robe de la représentante démocrate Alexandra Ocasio-Cortez (AOC) qui avait, l’an passé, suscité une vague de réactions, positives comme négatives, sur les réseaux sociaux, ou cette année le costume du nouveau maire de New York, Eric Adams, qui affiche fièrement un message quant à la politique états-unienne : « End gun violence ».


Seulement, ces prises de position sont souvent vivement critiquées. C’est l’hypocrisie de la situation qui a fait beaucoup de vagues, et continue d’en faire. Porter une robe, créée par une femme noire, sur laquelle est écrit « Tax the rich », à un défilé de célébrités aux revenus exorbitants, cela choque. Et bien que le message soit clair et ait pour but une certaine réaction, AOC a été critiquée : bien qu’elle n’ait pas payé le ticket, en tant qu’invitée, son invitation n’était pas gratuite pour autant – quelqu’un avait bien dû financer la place pour elle. En effet, le but d’un gala de charité est tout de même de récolter de l’argent pour l’Anna Wintour Costume Center du Met, section de la mode du Met.
Sans parler de la robe portée par Kim Kardashian cette année (après son costume qui avait fait polémique l’an passé), robe qu’avait arborée Marilyn Monroe lors de l’anniversaire de Kennedy, en 1962. L’influenceuse a avoué avoir perdu plus de sept kilos en trois semaines pour rentrer dedans, affirmation qui n’est pas sans impact sur le jeune public majoritairement féminin. Le message qu’elle fait passer est celui de la nécessité de faire un régime drastique pour correspondre aux standards de beauté. Difficile affirmation à faire sur le même tapis rouge foulé par la star américaine Lizzo, star de l’acceptation de soi, qui lutte notamment contre la grossophobie.


Mais la politique du Met Gala peut se faire de façon plus subtile : la mode est le terrain parfait pour remettre les codes de genre en question. Cette année, plusieurs sont les hommes venus en portant des jupes ou des robes, tout comme des femmes affichant fièrement des costumes associés au genre masculin. C’est une façon d’influencer l’opinion commune sur les stéréotypes du genre; un moyen détourné de déconstruire les bases d’une société binaire patriarcale. Même le chanteur portoricain Bad Bunny, dont le nom annonce déjà le caractère machiste de ses chansons, affiche fièrement un ensemble à la jupe frôlant le sol.

C’est une question d’influence avant tout, et bien évidemment un défilé d’égos, où le moindre accessoire dit quelque chose de la personne qui le porte. Car le Met Gala est l’évènement de l’année, où le beau monde se montre. Les tenues et prestations, car c’est un véritable spectacle, sont longuement commentées, notamment sur les réseaux sociaux, médias sur lesquels se côtoient aussi bien la tenue de Cardi B que les avis sur la politique extérieure américaine. Le Met Gala, manifestation du soft power par excellence.