La guerre en Ukraine, point de bascule géopolitique

Après plus d’un an de guerre en Ukraine, que Vladimir Poutine et certains observateurs pensaient brève, les relations internationales ont connu des évolutions. Au fur et à mesure de l’avancée de la situation militaire et en fonction de leurs intérêts, la position des différents acteurs a pu évoluer. Ainsi, le conflit russo-ukrainien devient un élément constitutif de la politique internationale.

Une Russie en déclin qui veut faire la guerre

La reprise de la croissance économique et démographique, ainsi que la hausse du niveau de revenu et des investissements dans l’armée n’auront pas suffi à la Russie pour sortir de son déclin. Celui-ci a été acté lors des années Elstine après la chute de l’empire soviétique. En effet, la Russie souffre d’un armement vieux et quasiment obsolète, de nombreux soldats peu formés et de problèmes de formation des officiers de l’armée. En témoigne l’influence du groupe paramilitaire privé Wagner et les tensions entre celui-ci le ministère de la Défense russe (sur la question de l’armement, du déploiement des troupes et de la répartitions des ressources militaires). Ces facteurs nuisent à la progression militaire de la Russie en Ukraine. Ceci nous est très bien montré par la bataille de Vuhledar où l’armée russe a extrêmement de mal à prendre la ville.

La guerre : point de bascule pour l’Ukraine

La révolution de Maïdan en 2013, s’inscrit en opposition avec la politique pro-russe du président Ianoukovych. L’Ukraine aspire à plus de démocratie et à appartenir à l’Union européenne. Le sentiment patriotique ukrainien s’est par la suite encore renforcé en raison du conflit opposant depuis 2014 la Russie et les séparatistes aux Ukrainiens.

Actuellement, l’Ukraine, ayant chassé du pouvoir l’ancien dirigeant pro-russe, se tourne de plus en plus vers l’Europe et l’Occident. L’Ukraine cherche alors à moins dépendre de son voisin hostile. Elle a la volonté d’adhérer à l’OTAN pour assurer sa sécurité et à l’Union européenne pour favoriser son développement économique. Ursula von der Leyen a d’ailleurs lancé le processus d’adhésion. Cela marque une rupture avec l’idée de l’impérialisme poutinien de « nations soeurs » et « liées » que seraient la Russie et l’Ukraine, selon laquelle l’Ukraine serait une région du vaste peuple russe.

Un renversement de la politique étrangère des Occidentaux

Le président français Emmanuel Macron avait considéré l’OTAN comme étant en « état de mort cérébral » en 2017. Or, la guerre en Ukraine – qui a vu se multiplier les interventions occidentales aussi bien sur le plan des discours que des sanctions – semble redonner un nouveau souffle à l’OTAN et à son commandement armé. Ce conflit a aussi changé la doctrine militaire de certains pays. L’Allemagne a confirmé sa volonté de réinvestir plus de 100 milliards d’euros dans son armée. La France a mis en place sa loi de programmation militaire (LPM) en 2018 pour les années 2019 à 2025. Mais encore, une politique européenne de défense est souhaitée par le président Macron et Ursula von der Leyen.

Les liens stratégiques d’approvisionnement énergétiques semblent avoir été brutalement rompus comme en témoigne le refus de mettre en service Nord Stream 2. Il avait pourtant été construit afin d’approvisionner l’Allemagne en gaz naturel depuis la Russie. Cette rupture stratégique s’illustre également au travers des embargos multiples de l’Union européenne sur le gaz et le pétrole russe. Et cela, malgré les conséquences économiques d’inflation et de récession que cela induit. Aujourd’hui, elle dépend de plus en plus des Etats-Unis et des pays du Golfe et cherche à diversifier son approvisionnement.

Pour éviter la guerre, certains pays ont notamment voulu se poser en médiateur entre la Russie et l’Ukraine. Ainsi, Emmanuel Macron, ayant assuré la présidence de l’Union européenne de janvier à juin 2022, a parlé au téléphone de nombreuses fois avec Vladimir Poutine « pour éviter la guerre », comme il l’a affirmé le 4 avril 2022, au 20 heures de TF1. D’autres ont depuis cherché a assumer ce rôle. La Turquie de Erdogan s’est posé en médiateur, en négociant entre la Russie et l’Ukraine pour la mise en place d’un accord sur les exportations céréalières ukrainienne, en juillet 2022. Aujourd’hui, de nombreux spectateurs pointe le rôle que la Chine pourrait jouer dans la conclusion du conflit.

Quelle suite ?

Le conflit dure depuis près de onze mois et les troupes russes sont loin d’avoir atteint leurs objectifs de prendre la totalité de l’Ukraine. Cette guerre a eu durablement des conséquences néfastes sur le plan économique et de fait, sociale qui ont attisées les peurs, les colères et les tensions au sein des populations en Occident et dans le reste du monde.

Ainsi, la question de la résolution du conflit se pose. Certains prônent la sécurité collective et l’ONU mais la Russie dispose de son droit de veto au conseil de sécurité des Nations Unies. La négociation entre les pays semble alors aujourd’hui le moyen le plus apprécié par les nations pour mettre un terme au conflit. De ce fait, il fait apparaître des acteurs qui veulent se poser en médiateur dans sa résolution. Le président Macron a dit avec certitude qu’il sera nécessaire de mettre un jour les deux pays sur la table des négociations et de ne pas humilier un des deux belligérants. Une position très fortement critiquée au sein même des pays occidentaux comme un aveuglement face à la nature du régime poutinien. La Chine s’est désignée elle-même comme potentiel médiateur entre l’Ukraine et la Russie, en vue de conclure une possible paix, non sans arrière-pensées géostratégiques.