Le Nobel à la mode Trump : question d’égo ou question sérieuse ?

Le prix Nobel de la paix, évoqué et réclamé à plusieurs reprises, Donald John Trump, 45e et 47e président des États-Unis ne l’a pourtant pas obtenu. Cette demanded’un prix Nobel de la paix relève-elle d’un débat légitime ou d’un objectif personnel ?

Un comportement inquiétant

L’idée d’un prix Nobel de la Paix pour Donald Trump est apparue pour la première fois en 2018. C’est un député norvégien, Christian Tybring-Gjedde, qui a officiellement déposé la nomination. Il a expliqué que sa démarche ne visait pas à soutenir la personnalité de Trump, mais simplement à évaluer ce qu’il avait fait politiquement.
Malgré cela, il reste évident que Donald Trump est loin d’être irréprochable dans sa manière d’agir et de se comporter. Un exemple de son comportement problématique sur la scène internationale concerne ses posts provocateurs sur X (anciennement Twitter). Trump a fréquemment utilisé ce réseau social pour menacer ou critiquer des dirigeants étrangers, ce qui a souvent été perçu comme des actes impulsifs et déstabilisants. Par exemple, alors que la Corée du Nord s’est affirmée comme puissance nucléaire et fait peser une menace directe sur le Japon et la Corée du Sud le 6 septembre 2017; Trump prend alors pour cible Kim Jong-un, qu’il qualifie de “Rocket Man” dans un tweet, et va jusqu’à menacer d’anéantir le pays : «Vient d’entendre le ministre des Affaires étrangères de Corée du Nord parler aux Nations unies. S’il fait l’écho des pensées de Little Rocket Man, ils ne vont pas être là très longtemps !». Bien qu’une réaction était justifiée, il n’empêche pas que ce type de message peut augmenter les tensions et le risque de mauvaises interprétations, plutôt que de stabiliser une situation dangereuse. Un tel comportement rend le Nobel impossible.

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Un autre exemple plus récent du comportement de Donald Trump est son meeting avec Volodymyr Zelensky le 27 février 2025. Le président américain, accompagné de son vice-président, s’est montré provocateur, allant jusqu’à humilier et infantiliser ouvertement le président ukrainien en lui demandant de dire « merci » pour l’aide militaire qu’apporte les États Unis à l’Ukraine (armes, véhicules blindés, missiles, munitions, etc). Ce comportement, déroutant et inquiétant, montre une nouvelle fois que Trump dépasse les limites sans hésiter. Un dirigeant tant qu’il agit ainsi ne peut pas prétendre sérieusement à un prix Nobel, exigeant au minimum une attitude responsable et respectueuse sur la scène internationale.

Des actions inconvenantes

Avec le plan de paix à Gaza, le président ne mérite-t-il pas le Nobel qu’il convoite avec tant d’ardeur ? Ce plan proposé par l’administration Trump pour Gaza, faisant partie d’une initiative plus large souvent appelée « Deal of the Century », avait pour but de rétablir l’ordre et la paix dans le conflit israélo-palestinien. C’est en effet une initiative respectable, mais avec plusieurs défauts. Le plan, et la politique de l’administration Trump en général a été largement perçu comme fortement subjectif, surtout en faveur d’Israël et notamment par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, correspondant clairement à l’idéologie du président des États Unis. Le plan a été conçu sans avoir consulté, au préalable, des représentants civils palestiniens, ce qui rend le projet de paix très déséquilibré. Le plan de paix ressemble donc clairement à une prise de position plutôt qu’une volonté d’arrêter un conflit meurtrier. 
Rappelons que durant son premier mandat, Donald Trump a qualifié l’OTAN d’«obsolète » et a critiqué les pays membres pour ne pas avoir respecter l’objectif de 2 % de leur Produit Intérieur Brut (PIB) alloué à la défense. Il a régulièrement menacé de réduire l’engagement américain ou même de se retirer de l’Alliance. Ce comportement est perçu par ses détracteurs non pas comme une recherche de paix et de sécurité, mais comme une prise de risque majeure et une déstabilisation. L’OTAN a été créée pour maintenir la paix en Europe en dissuadant les agressions. En menaçant de quitter l’OTAN, Donald Trump joue avec le feu et met en danger la sécurité des pays alliés.

Toutefois… des initiatives notables

Il faut pourtant reconnaître que malgré les critiques, Donald Trump a pris à coeur l’idée de mettre fin à la guerre en Ukraine. En effet, le président utilise toutes sortes de stratégies pour résoudre le conflit : dès son retour à la Maison Blanche, il a établi très rapidement des contacts avec le Kremlin. Il a fait pression sur le gouvernement russe et il s’efforce d’élaborer des plans vers la paix. Nous remarquons que Trump a multiplié démarches diplomatiques directes (appels, sommets, négociations) avec Vladimir Poutine. Il a joué sur l’ultimatum et menace de sanctions pour forcer la Russie à négocier.
De plus, au-delà de ses initiatives directes avec Moscou, Trump a réellement fait l’effort d’impliquer plusieurs alliés européens dans le processus. Il a compris qu’une paix imposée par deux grandes puissances ne tiendrait pas dans le temps, et il a donc cherché à réunir autour de lui les pays les plus concernés par la stabilité du continent. Cette démarche montre qu’il ne voulait pas agir seul ou imposer une vision américaine, mais plutôt bâtir une solution collective, plus solide et plus crédible. Ce geste a été vu par certains diplomates comme la preuve que Trump, malgré son style parfois abrupt, sait reconnaître l’importance d’un effort multilatéral lorsqu’il s’agit de mettre fin à une guerre. En impliquant l’Europe, il semblerait qu’il ne cherche pas seulement un accord rapide, mais une paix qui puisse réellement tenir dans la durée. Mais pour le moment, aucun accord durable dans le conflit russo-ukrainien n’a été encore conclu : les offres restent partielles (cessez-le-feu limité, avantages territoriaux pour la Russie), ce qui rend une paix stable très incertaine.

Même si Donald Trump a été proposé au Prix Nobel de la Paix par un député norvégien pour certaines initiatives diplomatiques, sa candidature reste contestée. En effet, sa manière d’agir sur la scène internationale correspond mal aux valeurs de paix. Même avec une volonté à établir la paix, l’attribution d’un prix Nobel de la paix pour Donald Trump reste peu probable.