Trounwiessel, 1 : Le Grand-Duc Henri, 25 ans de règne dans l’histoire nationale

Le weekend du 4 octobre 2025 a eu lieu le « Trounwiessel » (« Changement de trône » en Luxembourgeois), l’abdication du Grand-Duc Henri et l’intronisation de son fils, Guillaume. Retour sur la vie du Grand-Duc.

Le Luxembourg, un petit pays, se démarque par son statut de Grand-Duché, seul territoire au monde à avoir conservé ce statut. Indépendant depuis 1867, il a connu de multiples grands-ducs comme Henri, dont le nom complet est Henri Albert Gabriel Félix Marie Guillaume de Nassau. Devenu chef de la monarchie luxembourgeoise et neuvième Grand-Duc du pays, il succède à son père en 2000. Ainsi, Henri a amené le pays dans un nouveau siècle moderne et a marqué les esprits de la population, pour la majorité positivement.

Le Grand-Duc Henri et le Ministre des Affaires Étrangères de l’époque, Jean Asselborn. Source photo : Marc Weydert, 2012

Élevé par son père, le Grand-Duc Jean, et sa mère, la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, Henri a été préparé depuis un tout jeune âge aux responsabilités attribuées au chef d’Etat. En tant que deuxième enfant et fils ainé du couple grand-ducal, il est devenu le Prince héritier qui devait succéder un jour à son père dans son poste officiel. Le changement dans la Constitution quant à la possibilité pour une femme de devenir Grande-Duchesse n’était alors pas encore effectué, donc sa sœur aînée, la Princesse Marie-Astrid, n’a pas pu prendre cette responsabilité.

Il a fait ses études d’abord au Luxembourg, au Lycée Classique de Diekirch (LCD), puis dans un internat en France, où il a passé le baccalauréat en 1974. Bien qu’il fasse partie de la famille grand-ducale, cela ne l’a pas empêché de vivre une enfance « normale » et près du peuple. Ses camarades de classe au LCD se souviennent de lui en tant qu’un garçon comme les autres, alors qu’il suivait les cours, seul, dans une salle avec seulement ses professeurs. Il a par ailleurs grandi au château de Berg, mais n’était en aucun cas « enfermé » dans celui-ci, et vécut au milieu de la nature, un amour qui est toujours porté en lui et qu’il a transmis à ses enfants, tant que le sport.

Devenu membre du Comité International Olympique en 1998, le Grand-Duc Henri est effectivement un grand fan du sport, et soutient les sportifs nationaux à tous les grands événements, que ce soit dans l’athlétisme ou le tennis de table. Lui-même très actif, notamment dans sa jeunesse (natation, tennis, ski et voile), il a confié que cela aurait été « un rêve de participer au Jeux olympiques en tant que sportif ». Cette passion pour le sport est très portée par toute la famille, aussi depuis le règne du Grand-duc Jean.

Outre le sport, Henri a un lien très fort avec la nature, au sein de laquelle il a grandi et passé son temps en tant que Grand-Duc, mais aussi aujourd’hui. Il est président du Galápagos Darwin Trust Luxembourg, une association qui sert de comité de soutien pour la Fondation Charles Darwin et participe à des projets de conservation pour les îles Galápagos. Le château de Berg dispose également d’un terrain vert vaste qui permet la chasse, une tradition familiale, mais également l’admiration de la faune et de la flore.

En plus de son éducation en formation supérieure, il porte le grade de général dans l’armée luxembourgeoise. Il a suivi une formation militaire à la Royal Military Academy de Sandhurst en Angleterre, où il a obtenu son diplôme d’officier en 1975. Cette formation fait partie d’une longue tradition familiale, et son père Jean avait déjà eu une carrière militaire liée à l’Angleterre. Celui-ci avait également obtenu son diplôme d’officier et avait participé aux campagnes de la Seconde Guerre mondiale au côtés des forces alliées. Il a par exemple participé au débarquement en Normandie ou encore à la libération de Bruxelles.

En 1981, Henri épouse Maria Teresa Mestre Batista, une étudiante d’origine cubaine qu’il rencontre lors de son temps en Suisse, et qui devient la Grande-Duchesse du Luxembourg. Ils ont cinq enfants, quatre fils et une fille, ainsi que huit petit-enfants. Un jeune couple dynamique, les deux ont entrepris de nombreux projets humanitaires au fil de leurs années de règne, des engagements qui se poursuivront encore au futur. Parmi ceux-ci il y a l’association « Stand, Speak, Rise Up », avec laquelle le Lycée Vauban entreprend également des partenariats. Elle vise à dénoncer le viol comme arme de guerre, empêcher sa prolifération et soutenir les victimes dans leur reconstruction et leur besoin de justice. De plus, la « Fondation du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse » est une fondation qui sert les populations les plus vulnérables au Luxembourg, comme à l’étranger.

En 2008, le pays est au bord de la crise constitutionnelle, bousculant la politique luxembourgeoise. Henri, monarque de confession chrétienne, a refusé d’accepter la loi sur l’euthanasie et l’assistance au suicide. Cependant, à l’époque, le Grand-Duc était sous l’obligation d’approuver et de signer les lois avant qu’elles n’entrent dans la Constitution. Il y a donc eu une diminution de ses devoirs, et il ne doit plus que décréter les lois, sans les approuver ou les refuser. Cette modification de la Constitution a permis d’empêcher la chute de la monarchie de Nassau.

Depuis 2008, il est devenu plusieurs fois grand-père, notamment avec le Prince Charles, fils de Guillaume et qui est maintenant Grand-Duc Héritier. Par ailleurs, Henri a continuellement manifesté son amour pour la nature, notamment avec sa participation au Sommet de la Terre à Rio et à Rio+20, la conférence qui a marqué les 20 ans de la première. En 2024 il a aussi accompagné l’équipe luxembourgeoise aux Jeux Olympiques de Paris, mais il avait aussi assisté aux Jeux de Pékin en 2022, aux Jeux de Tokyo en 2020, aux Jeux de Londres en 2012, etc. Outre ses engagements nationaux, il est donc resté très actif au fil de son règne.