La Foire BNE : espace d’échanges et d’espoir

Mardi 25 mars 2025 s’est déroulée la sixième édition de la Foire BNE (Bildung fir Nohaltech Entwécklung1 en Luxembourgeois), qui a réuni près de 50 acteurs pour le développement durable. Parmi eux, des lycées, des associations et des ONG tenaient chacun leur stand personnalisé, et le public a pu venir échanger avec eux. À cette occasion, des éco-délégués de Vauban et leur professeure, Madame Julie Lagorce, ont défendu les intérêts écologiques de l’établissement et posé quelques questions à d’autres bénévoles et engagés pour Aletheia.

En plus des associations et des ONG présentes, plusieurs établissements ont également proposé des stands. Aletheia a interviewé Claude Hansen, professeur de biologie au LCD (Lycée Classique de Diekirch) depuis 2007. Apiculteur amateur, il s’occupe des ruches d’abeilles au LCD et à l’ancienne annexe, aujourd’hui l’école EIMAB à Mersch. « Fir äis Aussteller ass d’Vernetzung, déi ensteet, super. Mir léieren aner Leit kennen, mir léieren aner Projete kennen, mir gesi wat aner Leit um Terrain maachen a mir kënnen äis mat hinnen austauschen. »2 Par ces échanges, les exposants peuvent transmettre leur savoir aux autres, mais aussi en acquérir, dit-il, ce qui reflète aussi les comportements de la nature, avec la diversité d’espèces et les échanges entre celles-ci. Selon M. Hansen, il faut qu’on travaille ensemble et que tout le monde aide en faisant ce en quoi il est bon. « Zesumme si mer staark, zesumme packe mer dat. » 3 affirme-t-il.

Claude Hansen, professeur de biologie au LCD avec une de ses ruches.

Le Lycée Michel Rodange était également sur place, où Monsieur Nicolay, un professeur d’anglais, a présenté les actions du lycée. Ils ont mis en place des boîtes en bois pour faire du « vertical gardening », c’est à dire du jardinage à la verticale, permettant de faire pousser des fruits et des légumes qui pourront être consommés par les élèves tout en optimisant l’espace nécessaire. M. Nicolay, étant un grand passionné de la botanique pense que défendre la planète est important car : « wa mir näischt mat de Jonken dergéint maachen, da gëtt et keng Generatioune méi duerno, déi nach iergendeppes kënne maachen. »4 Il constate que dans ce sens il parle d’un « Doomsday scenario » plutôt pessimiste, mais que ça pourrait représenter la réalité si on n’agit pas aujourd’hui et maintenant. Il faudrait par ailleurs changer nos mentalités, afin de ne plus être des consommateurs de masse et de faire des voyages lointains. Mais ce n’est pas seulement en tant qu’individus que nous devons changer, affirme M. Nicolay, c’est la politique qui doit agir aussi. C’est-à-dire que si nous ne nous améliorerons pas en tant que société, ce « Doomsday » pourrait approcher de plus en plus rapidement.

Monsieur Nicolay, professeur d’anglais au Lycée Michel Rodange devant un « vertical planter ».

Aletheia a eu aussi la chance de s’entretenir avec les représentants de Greenpeace, une ONG internationale, ainsi qu’avec un membre de « Seniors for Climate Luxembourg », un groupe militant qui réunit des engagés de plus de 50 ans qui souhaitent montrer aux jeunes d’aujourd’hui l’importance de conserver notre planète à travers des photos de l’hiver des années 80 par exemple. Ils comptent 4 ou 5 membres actifs, et ils sont encore un groupe assez jeune, essayant pour l’instant de trouver des activités qu’ils pourraient proposer dans des écoles. Simon, un des membres engagés dans l’association dit: « What we have done is make a collection of photographs that date back to the 80s and 90s. We think it would be interesting for young people to see what winter was like before they were born, and it was indeed very different. »5 Il a montré plusieurs photos qu’ils avaient amené à la foire, comme une photo qui montre le niveau de neige tombé un hiver en 1980, ou encore la foule qui patinait à la Kockelscheuer: « And this is probably the most powerful picture: people skating on the lake in Kockelscheuer, almost every year. That hasn’t happened in about 20 years. »6 Ainsi, ceux qui n’ont pas vécu à cette époque ont la possibilité de se faire une image du changement climatique sur seulement quelques décennies.

À gauche, Simon de « Seniors for Climate », à droite, Sonia Golini de Greenpeace, qui ont partagé un stand à la foire.

De plus, La Fresque du Climat était représentée par Marie-Alix Dalle, qui était déjà intervenue à Vauban, pour témoigner de la lutte contre le réchauffement climatique et des solutions qui existent. Elle souligne qu’il faut agir en faveur d’un futur plus durable « parce qu’on n’a qu’une planète ». Pour elle, il serait impossible de continuer à vivre sans agir alors qu’elle sait qu’il y a ce grand problème et qu’elle a des idées qui pourraient aider à le résoudre. La Foire BNE lui remonte tout de même le moral, car cela montre qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui entreprennent des projets et des ateliers. « C’est aussi une bonne occasion de créer des synergies avec d’autres associations et de rencontrer des personnes qui pourraient être intéressées par nos ateliers. »

Marie-Alix Dalle, engagée auprès de la Fresque du Climat.

Certains organismes comme la SDK (Superdréckskëscht) ou la EBL (Ëmweltberodung Lëtzebuerg) se sont manifestés en tant qu’organismes luxembourgeois. La SDK agit beaucoup dans les écoles à travers des ateliers organisés pour les jeunes afin de les éclairer sur des thèmes tels que la protection de ressources, le changement climatique et tout ce qui se rapporte au thème du développement durable. « Et ass flott, dass alleguer d’Akteuren zesummekomme kënnen. Perséinlech fannen ech et e bësse schued, dass net méi Leit hei sinn, well et vill Aussteller ginn, déi interessant Saachen ze weisen hunn. Op jidde Fall fannen ech d‘Iddi vun der Foire wierklech super! »7 EBL de leur côté ont souligné la très grande offre présente à la foire, qui a pu être trop même pour le public qui est venu. En effet, cela pourrait être une bonne idée d’organiser une sorte de flyer qui regroupe tous les acteurs – organisations, écoles et associations – présents, afin que les personnes qui viennent à la foire aient une vue d’ensemble de la BNE.

À gauche, Yannick Heischbourg, représentant de la SDK Akadémie, et à droite la représentante de Ecotrel.
Les engagés de la EbL.

IMS, « Inspiring More Sustainability », est une asbl qui vise à aider d’autres organismes économiques luxembourgeois à devenir plus durables en leur proposant des projets collaboratifs. Mélissa Strauss, qui est déjà intervenue plusieurs fois dans des écoles dont Vauban, a trouvé que c’est motivant et inspirant de voir que la Foire BNE permet de créer un réseau entre différents acteurs qui ont des projets ou des sujets similaires et complémentaires. Elle a confié à Aletheia qu’il faut se mobiliser pour la planète car « c’est important de se rendre compte qu’on fait partie d’un tout, et que tout est interconnecté. Si on veut avoir des conditions de vie agréables, que ce soit pour nous ou pour nos enfants, c’est important de se dire que chaque personne a un impact et que chacun doit faire sa part. » Pour Mme. Strauss et selon les scientifiques, c’est dans le domaine de l’alimentation que nous pouvons agir le plus, en réduisant à l’échelle individuelle l’impact de ce que nous mangeons par une alimentation la plus végétale possible. « Mais ce qui est important aussi c’est de ne pas culpabiliser mais de faire de son mieux sur les solutions qui nous conviennent. »

À gauche, Mélissa Strauss de IMS, et son collègue.

Ainsi cette sixième édition de la Foire BNE s’est conclue avec notamment les discours du Ministre de l’éducation, Claude Meisch et du Ministre pour l’écologie, Serge Wilmes, et reprendra à nouveau en 2026, ouverte au public. Les éco-délégués de Vauban ont pu beaucoup apprendre de cette expérience qui était enrichissante et motrice d’espoir par les nombreux échanges avec d’autres acteurs du développement durable.

  1. Éducation au développement durable ↩︎
  2. Pour nous exposants, la connexion qui est créée est superbe. Nous apprenons à connaître d’autres personnes, nous découvrons d’autres projets, nous voyons ce que font les autres sur le terrain et nous pouvons échanger des idées avec eux. ↩︎
  3. Ensemble, nous sommes forts et ensemble nous pouvons réussir. ↩︎
  4. Si nous n’entreprenons rien avec les jeunes il n’y aura plus d’autres générations qui pourront agir plus tard. ↩︎
  5. Ce que nous avons fait c’est de rassembler une collection de photos qui datent des années 80 et 90. Nous pensons qu’il pourrait être intéressant pour les jeunes de voir ce à quoi ressemblaient les hivers avant qu’ils soient né, et ils étaient véritablement différents. ↩︎
  6. Ceci est sans doute l’image la plus puissante: des personnes qui font du patin à glace sur le lac devant la Kockelscheuer, presque tous les hivers. Ça ne s’est pas produit depuis au moins 20 ans. ↩︎
  7. C’est très positif qu’il y ait autant d’acteurs qui puissent se réunir. Personnellement, je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus de visiteurs qui sont venus voir, puisqu’il y a beaucoup d’exposants qui ont des choses très intéressantes à présenter. En tout cas, je trouve l’idée de la foire vraiment géniale! ↩︎