L’écrivain, dramaturge, universitaire et éditeur luxembourgeois d’origine italienne Ian de Toffoli est venu au lycée Vauban le mardi 29 avril 2025, dans le cadre d’une rencontre avec les élèves de spécialité humanités, littérature et philosophie sur sa pièce de théâtre Le Monologue de la vieille reine. Il a parlé à ALETHEIA de son dernier ouvrage, Léa ou la théorie des systèmes complexes, paru en février 2025 chez Actes Sud, de son rapport à l’écriture et de ses representations du monde.
Valentina V. : Vous êtes auteur, dramaturge, professeur de littérature à l’université de Luxembourg et éditeur, codirecteur de la maison d’édition bilingue Hydre éditions. Cette richesse est-elle facile à vivre ? Comment différenciez-vous ou, au contraire, fusionnez-vous ces activités au quotidien ?
Ian de Toffoli : Cette richesse n’est pas du tout facile à vivre, en effet. J’ai un manque chronique de sommeil… mais c’est plus anecdotique ! Ce qui est difficile, c’est de toujours bien séparer les choses, de se mettre dans le bain, par exemple, de l’écriture sans être happé, dérangé, interrompu par les besoins administratifs d’une maison d’édition, les préparations de cours, et bien d’autres choses. Donc, j’ai commencé à segmenter ma vie. Il y a des moments où je ne me consacre qu’à l’écriture, de préférence dans des résidences d’écriture loi de mon domicile. Par exemple, en septembre prochain, je partirai plusieurs semaines à la Chartreuse d’Avignon, qui est lieu de résidence d’écriture, une ancienne abbaye, dans laquelle les écrivains et écrivaines dorment dans les cellules des anciens moines où ils et elles sont vraiment en isolement pour écrire. C’est pour moi une occasion assez magnifique de pouvoir laisser de côté mes autres métiers et m’occuper uniquement d’écriture. C’est assez difficile au quotidien, en effet, d’avoir toutes ces fonctions. Heureusement que celle de professeur d’université connaît de longues pauses entre les semestres, par exemple. Mais l’écriture ne se fait pas à mes heures perdues, elle se fait quand j’ai le temps de m’y consacrer entièrement, six heures par jour. J’ai très souvent un rythme en résidence ou pendant mon temps d’écriture, qui va de cinq heures de l’après-midi à onze heures du soir. Ce sont mes moments préférés. La matin, je lis, je me promène ou je réfléchis, et quand j’ai assez amassé de nourriture intellectuelle pour la journée, je me mets à écrire pendant six heures d’affilée, sans m’interrompre. C’est ainsi que j’ai écrit Léa, en l’espace de quelques mois, dans le sens où j’ai mis longtemps à faire les recherches, mais finalement, quand j’avais tout en tête, j’ai bloqué des blocs de trois mois, un pour les passages concernant Léa, et l’autre pour les passages concernant Koch Industries. Je m’étais vraiment bloqué ce temps là pour ne faire qu’écrire. En tous cas, il faut, dans ma tête, que je segmente les choses pour pouvoir survivre.
Valentina V. : Pourquoi écrivez-vous ? Ressentez-vous un besoin d’écrire ?
Ian de Toffoli : C’est une urgence, même. J’écris parce que je veux comprendre ce qu’il se passe dans ce monde, et l’écriture est une façon de pouvoir, parfois, le déchiffrer. C’est une tentative de l’analyser, de le décortiquer. Selon moi, l’écriture pose des questions sur des faits de société. Je pratique une écriture politique, souvent documentaire, qui a avant tout une visée de mettre au jour, de révéler les rouages et les mécanismes compliqués, complexes, cachés, secrets du monde qui nous entoure. Je veux comprendre les aboutissements et les cheminements, je veux voir de quoi est faite la matière du monde, politique ou autre. Donc, pour moi, l’écriture n’est pas nécessairement quelque chose d’intime ou de thérapeutique comme elle peut l’être pour d’autres auteurs, mais une façon de m’ouvrir au monde et d’ouvrir le monde pour que je puisse mieux le saisir.
Valentina V. : Vous écrivez en plusieurs langues et naviguez entre de multiples cultures. Comment cela influence-t-il votre représentation du monde, votre rapport à la langue, à la construction des personnages et à la transmission des récits ?
Ian de Toffoli : Il y a beaucoup de réponses à donner à cela. Premièrement, j’ai, en quelque sorte, la chance d’avoir grandi entre les langues, parce qu’au Luxembourg, on apprend très tôt l’allemand, le français, et je parle luxembourgeois avec ma mère, comme toujours, et avec mon père aussi. Mes grands-parents italiens ont toujours vécu en Italie et j’y ai passé de nombreux longs séjours. Mon italien n’est pas parfait car je ne le pratique pas au quotidien, mais uniquement lorsque je vais rendre visite à ma famille. Lorsque nous vivons entre les langues, nous avons une sorte de surconscience linguistique : nous comprenons mieux comment les langues fonctionnent, comment elles se contredisent, comme elles sont constituées d’éléments grammaticaux, phonétiques, et autres. Donc, je vois les langues presque comme un système de signes ou de chiffres, de logique, presque comme on parle de mathématiques. J’ai une façon d’écrire qui est ludique dans le sens où elle se base sur une compréhension linguistique d’amusement à construire des phrases. Ma façon d’écrire n’est pas différente de celle d’un enfant qui construit des modèles Lego. Étant un écrivain francophone, j’ai l’impression d’avoir un recul par rapport aux écrivain.es français.es qui écrivent dans leur langue maternelle, un recul presque froid, presque clinique, capable d’analyser les éléments différents de la langue autrement de celui ou celle dont c’est la langue maternelle. J’aurais tendance à dire que cela octroie presque une plus grande liberté, et c’est peut-être un peu osé, de refaçonner la langue selon mes volontés, par rapport à un.e écrivain.e français.e de la langue maternelle française. Je revendique cela, une langue française qui n’est pas celle des Parisien.nes, mais qui est celle de l’écrivain.e francophone plurilingue, de celui ou celle qui vit entre les langues dans un pays qui est entre les cultures aussi, qui est comme un nouvel espace qui s’est formé de l’intersection d’autres cultures et langues européennes. Je peux également dire que je me vois comme un parfait citoyen européen et je vois le Luxembourg comme une espèce de microcosme européen, comme si on avait voulu faire une Europe dans une éprouvette, avec un mélange de cultures. Le Luxembourg est ce que l’Europe pourrait idéalement être : un lieu où se côtoient plus de cent soixante-dix nationalités dans une relative cohésion sociale et une ouverture pour les langues de l’autre. Je trouve qu’il y a quelque chose d’exceptionnel à vivre au Luxembourg, entre les cultures. Nous sommes tout de suite presque plus conscients de ce qu’il se passe ailleurs par notre sensibilité, notre plus grande conscience, envers les langues venues d’ailleurs. C’est un peu utopique, ce que je dis, mais je le ressens et je le vis, depuis toujours, ainsi, en vrai citoyen européen, à la maison, et un peu partout. Ceux qui parlent plusieurs langues pensent autrement que ceux qui ne parlent qu’une langue. Cela amène une autre façon de conditionner, en quelque sorte, le cerveau. Et j’assume, je revendique cet état d’esprit, je le mets même en avant régulièrement, parce qu’il nous rend capable de voir ce qu’il se passe ailleurs, de lire les auteurs dans leur langue, ce qui est toujours différent que de les lire dans une traduction vers notre langue. Évidemment, le fait de traduire est très important parce qu’il permet de s’ouvrir aux cultures d’ailleurs, mais il est très beau de lire les auteurs dans leur langue. Je lis en italien, il m’arrive de lire en espagnol, mais aussi en latin et en grec, parce que j’ai étudié toutes ces langues. Je vois le monde comme un système linguistique qui se met en place presque comme dans une partie de Tetris, je vois les structures derrière le monde parce que je crois être capable de déchiffrer cela grâce à mes études linguistiques poussées.
Les Québécois, par exemple, se font très régulièrement reprocher de ne pas parler un français standardisé car leur langue est considérée comme un écart par rapport à la norme. Mais cette manière de regarder les langues est évidemment très fausse. Il n’y a pas qu’une seule langue française, il y en a plusieurs : il y a le français des différents pays africains, le français du Québec, de Belgique, de Suisse, et même du Luxembourg. Et, en effet, le recul que l’on a lorsque l’on parle plusieurs langues donne une plus grande liberté et permet de s’exprimer autrement, de réinventer la langue. Le poète luxembourgeois Jean Portante, parle de refaçonner la langue, et il a même utilisé une espèce de néologisme pour décrire cela le mieux possible : le terme « effaçonner », composé des mots « effacer » et « façonner ». Donc, il efface la langue standardisée pour se façonner une langue française nouvelle. Je trouve cette métaphore très juste, et je dirais que ce plaisir est, en quelque sorte, réservé à ceux qui voyagent entre les langues, qui parlent une langue non standardisée. Il y a deux termes qui expriment cela très bien : les auteurs dits « du centre » et ceux « de la périphérie ». Ce sont des termes que l’on utilise en analyse littéraire, en études littéraires, en recherche littéraire et lorsque l’on parle d’histoire littéraire. Il y a les grands centres littéraires, comme Paris, Berlin, Cologne, Londres, et les périphéries, les petits pays, qui parlent la même langue, mais qui ont un autre champ littéraire. Je revendique être un auteur d’une périphérie, parce que ces auteurs ont une plus grande liberté de déplacement, tandis que les auteurs du centre sont coincés dans leur centre. J’aime bien toutes ces métaphores pour parler de cette langue française qu’utilisent les écrivain.es francophones.
Valentina V. : Êtes-vous solastalgique, une notion introduite par un philosophe australien que vous évoquez dans Léa ou la théorie des systèmes complexes comme « la détresse psychique provoquée par la dégradation environnementale » ? En ce sens, vous identifiez-vous à Léa, une jeune fille de la génération communément appelée génération Z, marquée par le dérèglement climatique ?
Ian de Toffoli : Oui, absolument. On me demande régulièrement pourquoi j’ai choisi un personnage féminin. Je l’ai fait parce que sinon, le personnage de Léa aurait été trop évidemment moi. Léa tient beaucoup de moi-même et j’ai inclus beaucoup d’éléments de ma propre biographie dans ce livre. Le petit étang où Léa se repose et est absorbée par la nature existe en face de la maison de mes parents. C’est un endroit où je me suis moi-même recueilli en tant que garçon il y a trente ou quarante ans et dans lequel je vais moins souvent aujourd’hui. Mais maintenant que le livre est sorti, j’ai un voyage à y faire. C’est presque une façon de mettre à nouveau une distance entre moi et Léa, et c’est pour cela que j’en ai fait une femme, mais également parce que, d’un autre côté, Léa s’oppose à tous ces hommes toxiques. Donc, il fallait quand même un personnage autre que masculin pour donner un peu plus d’équilibre à ce livre.
Mais, pour répondre à votre question, effectivement, je souffre depuis toujours psychiquement, concrètement, mentalement et physiquement de la destruction de la nature. J’ai toujours eu un rapport très symbiotique avec la nature. Me promener dans la forêt, toucher les arbres et l’herbe, et les rapports entre l’Homme et l’animal sont très importants à mes yeux. Je suis absolument horrifié par la cruauté infligée aux animaux, ce qui transparaît à travers l’épisode des ailes de poulet dans Léa. Tout cela m’horripile, et, comme Léa et bien d’autres jeunes de cette génération, voir les nouvelles des destructions environnementales me donne envie de vomir et j’ai besoin de changer la chaîne. Ce n’est pas exclusivement réservé à la génération de Greta Thunberg, même si c’est la première à avoir parlé de cela aussi justement, en disant : « Ma maison est en feu », « Our house is on fire ». C’est cela, la solastalgie, cela signifie que je souffre dans mon corps, très physiquement, en moi. J’ai toujours été exactement comme elle. Donc, quand j’explique que j’écris dans l’urgence, c’est très étroitement lié à cela, parce que, durant mes jeunes années, j’ai vécu des moments de telle douleur que j’avais absolument besoin de la dire.

Valentina V. : Lorsque vous écrivez, créez ou imaginez les personnages de vos œuvres, comme la vieille reine ou Léa, êtes-vous plus soucieux qu’ils soient représentatifs de l’époque actuelle ou porteurs d’universalité ?
Ian de Toffoli : Il faut un peu des deux, évidemment. Léa est un texte et un personnage très ancré dans le Luxembourg d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans un système politique concret, même d’un système fiscal concret, d’une époque contemporaine très identifiable. Mais Léa a tout de même un aspect mythologique quand revient, à chaque fois, ce refrain qui dit qu’elle est née du dieu Euros et d’Iris. Et justement, cette façon de lui donner des épithètes presque homériques est évidemment une tentative de l’ancrer dans une certaine universalité. Donc, il ne faut pas qu’elle soit trop locale, même si elle doit quand même être un peu locale pour que les gens venant du Luxembourg et d’une certaine génération ou d’un certain âge puissent s’identifier à elle, mais elle doit aussi être de partout. Tout à l’heure, j’ai évoqué cet acte de funambule que je suis en écrivant, et l’écriture de l’histoire et des personnages relève tout à fait de cela. L’histoire s’axe un peu au Luxembourg, mais le Luxembourg est presque emblématique de l’Occident tout entier parce qu’il n’est pas le seul paradis fiscal au monde ni le seul endroit où les grandes multinationales étrangères se réfugient pour ne pas payer de taxes, même s’il en est un exemple fort. Donc, il s’agit de faire en sorte que l’ancrage de cette histoire dans un endroit bien précis puisse tout de même y faire affleurer une certaine globalité, une universalité. J’ai presque cette sensation que, plus quelque chose est ancré concrètement dans un endroit, plus il peut évoquer de ce qu’il se passe partout, une sorte de lien d’extrapolation.
Valentina V. : Êtes-vous d’avis que la littérature peut changer les choses dans le monde actuel et dans les esprits ?
Ian de Toffoli : Je ne peux pas m’empêcher d’espérer que ce soit ainsi. J’écris quand même pour changer le monde, parce que sinon, à quoi cela sert-il ? Je suis conscient de la difficulté de la tâche, mais je suis convaincu que c’est, en quelque sorte, ma mission. On parlait, à une époque, et c’est une expression moins utilisée aujourd’hui, d’écriture engagée, et l’engagement de cette littérature est une aide pour décortiquer, analyser le monde, comprendre dans quelle situation on se trouve et, ensuite, avoir les armes et les outils nécessaires pour réagir. C’est définitivement un texte de circonstance, parce que nous sommes dans une situation d’urgence très grave. Mais j’aimerais me dire qu’il ne sera pas désuet dans trois ans, même si je ne pense pas qu’il le deviendra. La pièce, une sorte d’adaptation en version plus courte du livre, a été montée et représentée au théâtre plus tôt que le livre, en 2023, et le livre a mis un certain temps à sortir, parce que j’ai rajouté des chapitres, corrigé et découpé beaucoup de vers. Et pourtant, au moment de la publication du livre, il y a quelques mois, le sujet était encore plus d’actualité qu’un an et demi plus tôt, quand la pièce a été montée. Donc, pour l’instant et dans les années à venir, ce texte sera un texte de circonstance. Ensuite, j’espère que les choses iront mieux, que l’on découvrira une nouvelle manière de vivre qui mettra en avant la décroissance qui aura aboli la surproduction et le monde vorace de l’hypercapitalisme, et, à ce moment-là, peut-être que ce livre deviendra moins urgent, mais au moins, le monde sera dans un meilleur état.
Valentina V. : De nos jours, pensez-vous qu’il est possible d’écrire « innocemment », sans arrière-pensées, sans être rattrapé par des enjeux politiques, identitaires, idéologiques, sans volonté, but ou engagement particulier ?
Ian de Toffoli : Non, je ne pense plus que l’on puisse écrire comme cela. Évidemment, il existe des livres, disons, pour être un peu cruel, de mainstream, qui ne se soucient guère de l’état du monde et racontent juste une jolie comédie romantique. Mais, en vérité, de nombreux livres, même s’ils ne le mettent pas, comme moi, en avant, parlent tout de même de l’état du monde et sont politiques sans l’afficher aussi ouvertement. Une bonne histoire d’amour peut être politique dans le sens où, dès qu’elle commence à évoquer de la vision que d’autres ont du couple en question, la pression sociale exercée sur ce couple qui a peut-être décidé de ne pas avoir d’enfant ou qui est un couple homosexuel, devient tout de suite très politique. Le politique est presque partout et, de nos jours, le privé est devenu politique aussi. Je pense qu’il est impossible d’écrire sans vouloir parler de l’état du monde, même de façon implicite, en biais, de façon cachée. Et, je me répète, mais, pour moi, c’est l’une des fonctions importantes de la littérature : révéler les mécanismes du monde et nous aider à comprendre le système dans lequel nous sommes coincés.es, en quelque sorte. La littérature reste une arme d’émancipation, et l’écriture et la lecture sont des moyens de résister.
Valentina V. : Pensez-vous que l’évolution, le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) a ou aura une influence sur le paysage littéraire contemporain, notamment le milieu du théâtre et de la mise en scène et la fréquentation des théâtres ?
Ian de Toffoli : Oui, mais je pense que c’est moins une histoire d’intelligence artificielle que celle d’une offre abondante de streaming à la maison qui fait que les gens sont devenus un peu paresseux et sortent moins, voire plus. Cela a surtout été remarqué après la pandémie du Covid-19, quand la culture a été à nouveau accessible et que les théâtres ont rouvert leurs portes. Au début, les gens ne sont pas venus parce qu’ils avaient pris l’habitude, pendant des mois, de rester à la maison et de regarder Netflix. Mais les choses ont changé, cela a mis deux saisons à se remettre en place, et maintenant, les théâtres du Luxembourg sont à nouveau combles. Cela est une chose. Ensuite, évidemment, l’intelligence artificielle fait peur parce que l’on craint toutes et tous qu’elle puisse bientôt être capable de créer des œuvres d’art. Mais, pour l’instant, ce n’est pas encore le cas et tout ce qui sort de l’intelligence artificielle est extrêmement banal. Vous étiez présente à la conférence de Barbara Cassin, qui a eu lieu au Cercle Cité, en ville, à Luxembourg, et Barbara Cassin a parlé de l’intelligence artificielle et de l’outil de traduction. Les traductions de l’intelligence artificielle sont très mauvaises, et sont peut-être convenables pour le manuel d’utilisation d’un lave-linge, mais elles ne sont pas adéquates pour des œuvres littéraires et doivent être largement retravaillées. Donc, peut-être que l’intelligence artificielle est utile, mais à condition de revoir et de retravailler ce qui a été proposé. L’intelligence artificielle peut faire gagner un peu de temps, mais si on l’utilise et qu’on retravaille le texte, on risque de passer à côté de bonnes idées de traductions qui nous étaient venues spontanément, sans l’intelligence artificielle. Enfin, on ne peut pas tout à fait prévoir ce qu’il se passera au moment où il y aura cette fameuse singularité, c’est-à-dire au moment où l’intelligence artificielle deviendra infiniment plus intelligente que l’Homme et où elle sera capable de créer de vraies œuvres d’art capables de toucher le monde, les spectateurs, les auditeurs, … Nous n’en sommes pas encore là, mais cette idée crée une certaine inquiétude auprès des artistes. Peut-être que, comme les robots qui ont remplacé les ouvriers dans les usines, l’Homme sera lui-aussi remplacé à un moment, mais nous sommes très loin de cela. On nous promet, depuis des années, des voitures autonomes, mais les voitures sont parfaitement incapables de faire quoi que ce soit, si ce n’est que se garer en marche arrière. Les choses n’avancent parfois pas aussi vite que les rois de la tech veulent nous le faire croire, et ChatGPT est très loin de pouvoir écrire des histoires, bien qu’il puisse être pratique pour se rappeler d’une recette de spaghetti, donner des horaires de train, et révéler des informations intéressantes que l’on mettrait soi-même un tout petit peu plus de temps à trouver sur Google, mais moins de CO2 ! Effectivement, il vaut toujours mieux demander à Wikipédia qu’à ChatGPT.
Valentina V. : Merci beaucoup !
Ian de Toffoli : Merci à vous !
Valentina V.
Photographies : Valentina V.
