Jeune femme handicapée par une rhétinopathie, Liz Conzemius a trouvé un épanouissement bienvenu dans la pratique du céci-tennis. Portrait d’une femme courageuse ayant vite accepté sa situation malgré le jugement de la société.
Liz, enfant prématurée, née avec une rétinopathie, doit sans cesse s’adapter à des dégradations de vue régulières, lui enlevant progressivement son autonomie et l’obligeant à s’adapter à tout type de situations.
Cette jeune femme, travailleuse acharnée, maintenant âgée de 37 ans, cherche à s’épanouir dans un autre domaine que celui du travail qui l’a souvent rejetée. Elle a, en effet, passé quatre ans dans un service du groupe Post, où ses collègues ne lui adressaient jamais la parole, même pour un simple « bonjour ».

Face à ce rejet, le céci-tennis s’est vite imposé comme un refuge pour elle. Que ce soit en tournoi ou en simples cours, elle était enfin satisfaite de ses productions.
Elle a d’abord essayé de nombreux sports pour valides, mais en 2018, quand sa vue a subi sa plus forte dégradation, elle a été obligée de trouver une alternative. C’est à ce moment là qu’elle est tombée par hasard sur les cours de tennis pour tous de Charlotte Rodier, au club Spora. Elle y a découvert le tennis à la balle pleine de grelots et au terrain adapté qui est composé de trois catégories, en fonction du nombre de rebonds autorisés, adaptées aux différents types de cécité allant de l’aveuglement total à une simple déficience visuelle.
Après quatre ans, elle ne s’en est jamais lassée. D’un entraînement par semaine, elle est passée à trois complétés par une séance de préparation physique et ponctués de quelques tournois à l’international, auxquels elle participe depuis trois ans.
Ces tournois l’ont aussi portée, aidée à garder le moral, dans un environnement où elle se sentait intégrée, au milieu de personnes toutes atteintes de déficience visuelle. Lui permettant aussi de voyager, que ce soit en Allemagne, où en Angleterre, pays très avancés en cécitennis, tout comme l’Australie, mais Liz n’y est jamais allée, trouvant le voyage trop lointain pour un simple tournoi.
En 2023, elle termine à la seconde place des World Games, équivalent de jeux paralympiques, réservés aux athlètes aveugles ou malvoyants. L’an dernier, elle a réussi à se hisser sur la plus haute marche du podium, lors des Mondiaux en Italie, au terme d’une semaine difficile, mais dont le résultat a gommé tous les obstacles.

Face au jugement des gens, Liz relativise. Ses capacités restant suffisantes et son handicap ne se remarquant pas, les gens ne se rendent pas compte de sa déficience et ne la jugent pas. Sur le cours, c’est différent, les spectateurs savent pertinemment que les joueurs subissent un handicap. Néanmoins, en général, ils les admirent plus qu’ils ne les jugent, même si elle ne se permettrait pas de le dire.
Son appréciation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 est formelle : elle les a adorés, du début à la fin. De la superbe organisation à la grande fête du public, elle estime qu’ils ont permis la mise en lumière des athlètes handicapés. Elle pense également qu’ils sont les plus beaux de l’histoire et qu’ils ont permis un changement énorme dans la vision du handicap dans la société.
Quand on lui demande si le cécitennis pourrait devenir un sport paralympique, sa réponse est simple : oui. Néanmoins son propos reste nuancé, elle l’espère grandement, mais pour cela, il faudrait une uniformisation des classifications dans le monde, ce qui reste un rêve difficile à atteindre.
Photographies de Liz Conzemius
