TRUMP, l’art de désinformer

Depuis sa réélection le 20 janvier 2025, Donald Trump enchaîne les polémiques. Retour sur les annonces et les modes de communication du 47ᵉ président des États-Unis. 

Image générée par IA

« Zelensky est un dictateur sans élections »  

Le 19 février, le président Donald Trump a déclaré sur son réseau social « TRUTH Social » (le réseau de la vérité) cette information totalement fausse : « Zelensky est un dictateur sans élections ». Ce n’est pas la première fois que le président des États-Unis déforme la réalité. Mais pourquoi fait-il cela ? C’est simple : c’est une stratégie politique bien rodée. Cette stratégie de contrôle de l’information s’appuie sur deux piliers : la stratégie « d’inonder la zone » et les vérités alternatives. 

Une stratégie politique créée par Steve Bannon…  

Cette stratégie de diffusion de ces fausses informations appliquée par Donald Trump s’inscrit ainsi dans un stratagème politique plus large, théorisé par son ancien conseiller à la Maison-Blanche : Steve Bannon. « Inonder la zone », c’est le nom de cette tactique qui vise à déstabiliser les médias et ses opposants politiques en multipliant les déclarations polémiques et outrancières, dans le but d’épuiser l’attention du public et d’affaiblir la confiance dans les médias traditionnels.  

Le président américain est un maître absolu dans l’art d’appliquer cette politique, qui s’est illustrée dès son investiture, avec la signature de décrets loufoques, tels que celui qui renomme le golfe du Mexique en golfe d’Amérique.  Ou encore en affirmant après son investiture de 2017 que « Ce fut la plus grande foule jamais vue lors d’une investiture, point barre ». Ce qui est totalement faux. Ces déclarations ont ainsi fait le tour du monde de par leur absurdité. Même si ses déclarations peuvent sembler anodines, la saturation de l’information orchestrée par Donald Trump renforce l’engagement de ses partisans et tend à les maintenir mobilisés en permanence et à créer un sentiment de lutte commun contre les élites, les médias et ses opposants politiques. Ce qui s’est notamment illustré avec l’envahissement du Capitole par les partisans de Trump le 6 janvier 2021, qui résulte, selon la BBC, d’une campagne de désinformation et de mobilisation massive sur les réseaux sociaux longue de 65 jours.  

Créer la peur pour gagner des voix  

Second pilier fondamental de sa stratégie politique : Trump a toujours utilisé la désinformation pour marquer les esprits. Un exemple marquant de post-vérité remonte au 10 septembre 2024, lors du traditionnel “presidential debate”. Durant ce débat qui l’opposait à la vice-présidente Kamala Harris, il a affirmé que des migrants haïtiens vivant à Springfield, dans l’Ohio, mangeaient des chats et des chiens. Mais alors, pourquoi dire ça ? Selon Larry Sabato, un politologue à l’université de Virginie interrogé par CNN, Trump cherche à apeurer les électeurs. L’idée est simple : en présentant les migrants comme une menace, il incite les Américains inquiets à voter pour lui, puisqu’il promet une politique anti-immigration très stricte. La peur devient alors un outil électoral. Il a pour intention claire de choquer et de faire passer les émotions avant l’objectivité des faits.  

Une habitude qui continue après son élection  

Depuis qu’il est redevenu président le 20 janvier 2025, Trump continue de diffuser de fausses informations. Par exemple, le 29 janvier 2025, il déclare que son administration a stoppé l’envoi de préservatifs pour 50 millions de dollars à la bande de Gaza et ajoute que le Hamas se servirait de préservatifs pour créer des bombes. En réalité, ces préservatifs étaient destinés à la province de Gaza… au Mozambique, un pays touché par le sida. Or, cette vérité alternative lui a ainsi permis de relayer une fausse information lancée par Jesse Watters, un commentateur politique pour le média conservateur FOX NEWS, qui affirme que le Hamas produirait des « condom bombs » (des bombes faites avec des préservatifs). Une information infondée et même démentie par le média Al Jazeera, qui affirme n’avoir jamais observé l’utilisation de telles armes durant le conflit israélo-palestinien.  Derrière ces propos, il y a une intention bien précise : décrédibiliser l’Agence américaine pour le développement international (USAID), une organisation gouvernementale américaine qui finance des projets humanitaires à l’étranger.  

Le 24 février 2025, Trump a d’ailleurs signé un décret suspendant les activités de l’USAID pour 90 jours, avec l’intention, selon le journal Tribune de Genève, de la fermer définitivement à terme. Son raisonnement ? Cette agence, qui a pour objectif d’aider au développement dans de nombreux pays, ne correspond pas à sa politique « America First » (L’Amérique avant tout) et à sa volonté de réduire les dépenses gouvernementales.  

Pourtant, cette aide, essentielle dans certaines régions du monde, ne représente que 0,24 % du PIB américain (soit 72 milliards de dollars), ce qui ne constitue pas un impact majeur sur l’économie du pays.  

Pourquoi est-ce un problème ?  

Trump ne se contente pas d’inventer des faits : il transforme la réalité pour servir ses intérêts. Ce n’est pas juste une manière de capter l’attention, c’est aussi une façon de justifier ses décisions et de discréditer ses adversaires politiques ainsi que les politiques mises en place par ses prédécesseurs.  

Mais son cas soulève une question plus large : à l’ère des réseaux sociaux et de l’information en continu, quels sont les dangers auxquels nos démocraties vont devoir faire face vis-à-vis de la question des fake news ? Quand un dirigeant peut manipuler la vérité à ce point, quels risques cela peut-il représenter pour nos démocraties occidentales ?