Au Luxembourg, le Tennis club Spora se démarque des autres clubs, en proposant des accompagnements adaptés à différents handicaps. ALETHEIA est allé à la rencontre de Charlotte Rodier, « Madame Paratennis » de ce club créé en 1967.

Juliette R. : Pouvez-vous rapidement me présenter le club ? Sa situation, son historique ?

Charlotte Rodier : Le Tennis SPORA fut fondé le 13 décembre 1967 comme section autonome du « grand » SPORA pluridisciplinaire. Constitué sous forme d’association sans but lucratif, le club est dirigé actuellement par un comité de onze membres. Avec plus de 900 membres dont quelques 450 actifs, le Tennis SPORA compte parmi les associations sportives les plus importantes de la Ville de Luxembourg et du Grand-Duché de Luxembourg. Ses installations sont situées en pleine verdure dans la forêt du « Bambësch », à cinq minutes en voiture du centre-ville.

Les infrastructures sont composées de :

-     quatre terrains en green set dans le hall

-     cinq terrains en terre battue dont quatre couverts par une bulle l’hiver

-     deux terrains en green set également couverts par une bulle l’hiver

Le club s’engage pleinement dans la promotion de l’inclusion à travers le sport. En septembre 2021, à travers le projet « Tennis pour tous », il a développé des initiatives et des projets visant à rendre le tennis accessible à tous, notamment aux personnes en situation de handicap. Nous avons aménagé des infrastructures adaptées et renforcé notre offre pour permettre à tous de pratiquer le tennis, quel que soit leur handicap.

J. R. : Quels sont les différents aménagements qui ont été mis en œuvre pour l’inclusion des personnes en situation de handicap ?

C. R. : Nous avons investi dans du matériel spécifique comme des fauteuils roulants adaptés et des balles sonores pour le tennis. Nous avons également réalisé des travaux pour aménager des toilettes accessibles PMR dans le hall du club. Nous proposons trois sections distinctes :

– Ceci-Tennis s’adresse aux personnes aveugles ou malvoyantes

– Paratennis s’adresse pour à toutes les personnes ne pouvant pas jouer debout

– Tennis Adapté s’adresse aux personnes ayant un handicap mental, des troubles du comportement ou des troubles psychiques.)

Afin de permettre à chacun de participer, nous avons mis en place des tarifs très réduits. Le tennis est un sport coûteux, et il nous semblait essentiel que les personnes en situation de handicap ne soient pas exclues, d’autant plus qu’elles ne peuvent pas toujours bénéficier d’un groupe homogène. Le prix des cours dépend du nombre de participants dans chaque séance, au plus on est, au moins c’est cher. Nous avons voulu proposer un tarif fixe et très bas car certaines d’entre elles doivent être accompagnées individuellement en raison de leur handicap. L’objectif étant que personne ne soit exclu en raison de contraintes financière dues à la spécificité de son handicap.

J. R. : Pourquoi le club a-t-il décidé de s’engager dans ce projet ? Et vous personnellement, parlez-moi de votre formation.

C. R. : J’avais ce projet en tête depuis longtemps, et lors du changement de direction sportive, j’ai proposé cette idée à la nouvelle direction et au comité. Ils ont immédiatement soutenu le projet et m’ont fait confiance pour le développer. L’objectif principal de ce projet est de proposer un enseignement de qualité, adapté aux besoins, aux envies et à l’évolution de chaque individu, quels que soient ses handicaps.

Personnellement, cela me tient à cœur d’avoir un impact constructif dans la vie des autres. Le tennis est ma passion, et il me permet de concilier le sport, l’humain et le social. Je suis très enthousiaste de diversifier mon métier et d’apprendre à travers ces échanges. 

Pour ma part, en complément de mon diplôme d’enseignante de tennis, j’ai suivi une formation en paratennis à Roland Garros en 2022 et une autre pour le tennis adapté, le module un de l’AQSA (Attestation de Qualification de Sport Adapté).

J. R. : Bénéficiez-vous de subventions et de sponsors ?

C. R. : Oui, notre principal sponsor est l’Œuvre Nationale de Secours Grande Duchesse Charlotte, qui nous soutient depuis le début du projet en 2021. Ce soutien a été essentiel pour la mise en place du projet et la continuité de celui-ci. Sans eux, le projet n’aurait pas vu le jour. 

Par la suite, La Ville de Luxembourg nous a également accordé un soutien financier depuis 2023, ce qui a permis de continuer notre développement, ainsi que celui du Luxembourg Paralympic Committee depuis 2024.

J. R. : Combien d’adhérents en handisport avez-vous dans le club ? Constituent-ils une sorte d’équipe ?

C. R. : Cette saison, nous avons trois sections :

• Para tennis avec deux joueurs
• Céci-Tennis avec deux joueurs (mais nous en avions quatre l’année dernière)
• Tennis adapté avec six joueurs cette année (contre neuf l’année précédente).

Bien qu’ils ne forment pas une équipe au sens traditionnel, chaque section a une dynamique propre et permet aux participants de se retrouver dans un cadre adapté à leurs besoins. 

Les cours de Tennis pour Tous offrent un espace d’inclusion où chaque participant, quel que soit son handicap, peut développer ses capacités physiques, motrices et de développer les fonctions cognitives, psychiques et mentales. Il permet de découvrir le goût de l’effort et accueillir une meilleure estime de soi.  Le tennis favorise la confiance en soi, l’autonomie et l’interaction avec les autres, tout en permettant à chacun de progresser à son rythme. C’est aussi un moyen de rompre l’isolement et de se sentir pleinement intégré dans la société grâce à la pratique sportive.

J. R. : Organisez-vous des événements autour du handisport dans le club ?

C. R. : Nous organisons des cours réguliers tout au long de l’année, ainsi que des portes ouvertes pour faire découvrir nos différentes sections. Nous avons aussi représenté le handitennis lors des Paralympics Days, un événement important pour nous. En 2022, nous avons organisé une exhibition de paratennis avec deux des plus grands champions du monde, afin de faire découvrir cette discipline au public luxembourgeois. De plus, nous avons proposé des stages et des tests en fonction des demandes et des subventions obtenues. Nous avons de nombreux projets pour l’avenir, mais cela nécessite plus de soutien financier pour pouvoir les réaliser.

Photographies : Spora Club