Retour sur les moments forts de la présence luxembourgeoise à l’Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU) à New York du 24 au 29 septembre 2024, avec une interview du Ministre des Affaires Étrangères luxembourgeois Xavier Bettel.
Du 24 au 29 septembre 2024 a eu lieu la semaine de haut niveau de la session annuelle de l’Assemblée Générale aux Nations Unies à New York. Le Luxembourg était alors représenté par une délégation de diplomates menée par le Grand-Duc Héritier, le Prince Guillaume, le Premier Ministre Luc Frieden et Xavier Bettel. Ce dernier a accepté d’échanger avec Aletheia à ce sujet à l’issue de ce rendez-vous international majeur.

L’AGNU réunit annuellement des diplomates et des représentants de presque tous les pays du monde qui se déplacent à New York pour adresser les problèmes mondiaux les plus importants tels que les conflits, le changement climatique et la lutte contre la pauvreté.
Xavier Bettel nous a expliqué le système des délégations. En effet, chaque pays a une délégation qui le représente dans les diverses réunions. Pour le Luxembourg, à part des diplomates qui font le trajet jusqu’en Amérique du Nord, « nous avons la Représentation Permanente (RP) à New York, qui prépare les dossiers ». La RP est une sorte d’ambassade auprès des Nations Unies sur place. Le Ministre Bettel ajoute qu’il y a en outre « des invitations politiques pour le Premier Ministre et le Ministre des Affaires Etrangères ».
De l’économie à l’accès aux besoins primaires, en passant par l’éducation pour des enfants en zone de conflits, beaucoup de réunions se tiennent à l’AGNU. « Il y a énormément de programmes, de manifestations et de réunions qui ont lieu en même temps. Chacun choisit selon les sujets » affirme Monsieur Bettel. Mais afin d’être représenté partout, ou en tout cas dans la mesure du possible, les Luxembourgeois se répartissent les différents lieux. Choisir entre les sujets où l’on souhaite prendre part reste difficile. Selon Xavier Bettel, ceux qui sont les plus intéressants sont « ceux pour lesquels on a travaillé, comme les droits des enfants, les droits des femmes, les droits des minorités ou encore les enfants dans les conflits ». Le Luxembourg a, dans ces cas-là, pour ambition d’être sur place lors des réunions importantes.

Mais ce qui reste le plus emblématique est le discours à l’Assemblée Générale. Ce discours de 15 minutes qui reprend les arguments centraux des orateurs était cette année tenu par Monsieur Bettel, partiellement en français et en anglais. Il a donné quelques informations supplémentaires à ce sujet. « Il y a toujours un seul orateur par pays, c’est protocolaire. Ça commence par le Brésil, puis les États-Unis. La première fois que j’y suis allé, je m’en souviens bien, la salle était remplie, mais quand on parle le deuxième, le troisième ou le quatrième jour, il ne reste plus grand monde. Il y aura peut-être un seul représentant par délégation, sauf si on a des amis. Dans ce cas-là, ils essayent de venir en nombre, et on leur rend la pareille ». Monsieur Bettel a également ajouté qu’il ne regrettait pas de devoir tenir son discours en langue française et anglaise au lieu de le faire en luxembourgeois, car selon lui, c’est une chance d’être un pays multilingue, et de pouvoir faire passer des messages au plus grand nombre.
Mais en tant que petit État, le Luxembourg réussit-il à porter ou faire entendre sa voix ? Selon Xavier Bettel, l’impact de chaque pays s’incarne dans l’idée onusienne « un pays, une voix ». Chacun peut avoir son mot à dire. C’est-à-dire que les petits pays pèsent en quelque sorte de la même manière que les grands, et cela vaut d’autant plus quand ils se mettent ensemble pour se soutenir mutuellement. Bien que le Luxembourg ne soit pas actuellement membre du Conseil de Sécurité, il y est régulièrement candidat à une place de non-permanent, ce qui lui permet de revendiquer une place importante sur la scène internationale.
Mais aujourd’hui, le monde fait face à une multiplication des conflits armés et il demeure déstabilisé. Cela se voit aussi au sein de l’ONU, et c’est ainsi que M. Bettel explique les tensions au sein de l’ONU. « [L’AGNU] est très importante, parce que c’est la plateforme du monde. Mais quand on voit ce qui se passe aujourd’hui en Palestine, on constate que les décisions qui sont prises au niveau international ont peu d’impact : 150 pays peuvent défendre un même point de vue à l’Assemblée générale et un seul pays, qui est un membre permanent du Conseil de sécurité, peut par son véto bloquer tout le système. Et dans ce cas-là tout l’appareil est bloqué ».
Lorsque Monsieur le Ministre a été interrogé sur des moments particulièrement forts ou touchants pendant l’Assemblée, il évoque immédiatement son soutien à l’UNWRA (l’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), une organisation qui lui tient à cœur, et qui vient en aide à la population palestinienne, libanaise et jordanienne. Quant à l’instabilité de la situation internationale, il dit : « elle est délicate aujourd’hui. On a quand même beaucoup de pays où la démocratie n’est plus un acquis ». Il ajoute également que la situation des Droits humains n’est aujourd’hui pas meilleure qu’il y a 10 ans, alors que c’est dans cette direction-là que l’ONU souhaitait travailler.
L’interview se conclut sur une question concernant le discours du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lors duquel beaucoup de diplomates étaient sortis de la salle plénière en signe de protestation. Bettel a réagi de la façon suivante : « Je pense que nous ne sortons jamais. On reste toujours dans la salle, on a le principe de toujours écouter » et surtout il rajoute : « pour pouvoir réagir », voire émettre une critique, si cela est nécessaire.
La prochaine édition de l’Assemblée générale se tiendra, comme tous les ans, en septembre 2025 mais cette fois-ci sous une nouvelle présidence américaine, celle de Trump. Celle-ci verra peut-être des changements apparaître au niveau des conflits mondiaux et de la position adoptée par le géant américain sur les sujets internationaux.
Photographies transmises par le Ministère des Affaires Étrangères et Européennes
