Le 4 mars 2024, les 925 parlementaires réunis en Congrès à Versailles ont adopté l’entrée du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution française. Retour sur cet évènement inédit.

Le communiqué de presse du Haut Conseil à l’Égalité des Hommes et des Femmes s’ouvre sur les mots suivants « Victoire ! Un demi-siècle après l’adoption de la loi Veil de 1974, l’IVG entre dans la Constitution française ». Dans le communiqué de presse officiel, l’État français présente l’amendement de la Constitution comme une « victoire ». La France promeut ainsi son avant-gardisme dans les droits de la femme pour être le premier pays à faire entrer le droit à l’avortement dans sa Constitution et ainsi à lui conférer le statut de liberté fondamentale. Le gouvernement français se réjouit également que « la France marque à nouveau l’Histoire ».
Le Vatican a aussitôt condamné cette annonce dans un article publié sur Vatican News. D’après le média, « les évêques de France s’étaient déclarés « attristés » du vote des sénateurs français » et jugent inacceptable que la « protection de la vie humaine » ne soit plus assurée. L’entrée du droit à l’avortement dans la Constitution a conduit le Vatican à rappeler sa position sur l’IVG, qu’il qualifie d’ « atteinte à la vie en son commencement » qui ne peut, selon lui, être vu « sous le seul angle du droit des femmes ». L’État pontifical justifie sa position en affirmant qu’ « à l’ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de « droit » à supprimer une vie humaine »
Le journal français Libération a, quant à lui, réagi à l’amendement de la Constitution en donnant la parole à plusieurs femmes qui ont milité en faveur de l’avortement pour lesquelles « cette victoire en convoque d’autres ». Pour l’historienne Michelle Perrot, l’entrée du droit à l’IVG est une « reconnaissance officielle et solennelle du droit des femmes à disposer de leurs corps » issue du long combat des femmes. Elle exprime également sa surprise face à l’unanimité du Congrès qui contraste à la virulente opposition lors du vote de la loi Veil sur l’IVG en 1974. La philosophe Camille Froidevaux Metterie se réjouit, quant à elle, de la constitutionnalisation du droit à l’avortement, qui, selon elle, permet de consolider la démocratie. L’entrée de l’IVG dans la Constitution incarne pour la philosophe un message d’espoir pour toutes les femmes qui luttent encore pour que l’avortement soit légalisé dans leur pays.
De l’autre côté de l’Atlantique, le New York Times explique que l’abrogation en 2022 de l’arrêt Roe c. Wade établissant le droit à l’avortement aux Etats-Unis a permis une prise de conscience en France. Les politiques français ont ainsi soudainement réalisé, que ce droit, durement acquis, peut être facilement remis en question. Par effet « domino », la France a décidé de protéger le droit à l’avortement en le transformant en liberté fondamentale. Le droit à l’avortement se pare également d’une dimension politique, comme le souligne Mélanie Vogel, sénatrice et principale instigatrice de l’amendement : « La France montre que le droit à l’avortement n’est plus une option, c’est une condition de notre démocratie. ». L’entrée de l’avortement dans la Constitution demeure avant tout un message d’espoir pour les activistes américaines militant pour rétablir dans les Etats concernés, le droit, pour les femmes, de disposer de leur corps.

L’entrée dans la Constitution française du droit à l’avortement est donc à la fois une victoire pour les pouvoirs politiques français et un symbole d’espoir pour les militantes qui se battent encore pour leurs droits. Dans son combat pour le droit à l’IVG, la France ne compte pas s’arrêter de si tôt : elle a récemment fait la demande pour l’inscription du droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne.
Carla R.
Photos : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Constitution_sceau.jpg https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Bans_Off_Our_Bodies_NYC_(42193).jpg
