Sanglier, un animal domestique ?

Le livre Sangliers, Géographies d’un animal politique* s’ajoute en 2022 à la collection « Mondes sauvages ». Et comme son nom l’indique, il s’intéresse particulièrement aux sangliers, une espèce souvent négligée par l’humain, bien qu’elle soit le symbole de la biodiversité sylvestre d’Europe.

Face au désintérêt que connaît cet animal, les auteurs Raphaël Mathevet et Roméo Boudon s‘interrogent sur la relation étroite que l‘homme entretient, malgré tout, avec cet animal.

Sauvage, commun, fort, nuisible, majestueux, autant d’adjectifs pour décrire un même animal au cœur des débats en France. Sangliers, Géographies d’un animal politique ne fait pas exception et propose sa propre analyse sur la place du sanglier sur le territoire français et comment donc le “réguler” pour qu’il s’y plie. Car, si le sanglier fait autant débat en France, c’est à cause de sa particularité à ne pas se cantonner à l’espace que les sociétés humaines lui laissent, mais à s’approprier ce dernier tel qu’il le juge nécessaire. C’est ainsi qu’on entend les agriculteurs se plaindre des ravages causés par des sangliers dans leurs plantations, ou même dans d’autres cas, de la présence de ces animaux dans les villes. Ces nombreuses plaintes laissent paraître un problème de cohabitation entre les deux espèces. La question est donc de savoir comment améliorer cette relation pour que chacun puisse vivre en équilibre avec l’autre, mais aussi comment nous sommes arrivés à un si gros problème de “régulation”.

En s’éloignant de l’anthropocentrisme habituel, ce livre apporte un nouvel éclairage sur les débats concernant les frictions entre les animaux et les sociétés humaines. Il soulève en effet de réels problématiques et offre des pistes, grâce à une analyse pertinente des différents acteurs et enjeux. Sa force est aussi qu‘il prend en compte l’expérience des sangliers sans littérature, mais expose plutôt la situation avec objectivité pour ensuite proposer des solutions sans désavantager un groupe particulier, qui est généralement celui de l’animal. Il parvient à défendre cette alliance entre la nature et l’homme sans condamner ou infantiliser aucune des parties, cherchant uniquement l’amélioration d’une relation très inégalitaire et destructrice. A l’aide de passages narratifs exposant l’expérience de sangliers dans diverses situations en contact avec l’homme, il parvient aussi à toucher le lecteur et à l‘intéresser à la cause écologique de l‘animal. En unissant empathie et critique objective les auteurs arrivent à exposer les travers d’un cycle vicieux dans lequel nous sommes coincés, de manière simple et concise. C’est un livre passionnant et accessible à tous, peu importe ses intérêts.